La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vient une nouvelle fois de se lancer dans une mission délicate. Trois chefs d’État ont été mandatés pour ramener l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau, après le coup d’État militaire du 26 novembre 2025. Réunis en sommet extraordinaire, les dirigeants ouest-africains ont condamné la prise de pouvoir par les militaires et exigé un retour immédiat à la légalité républicaine.
Mais derrière cette posture officielle, une question brûle les lèvres : la CEDEAO joue-t-elle encore son rôle de garant de la démocratie, ou se ridiculise-t-elle par ses interventions répétitives et peu crédibles ?
Une mécanique bien huilée… mais usée
Depuis plusieurs années, la CEDEAO multiplie les missions de médiation dans la sous-région. Mali, Burkina Faso, Niger, désormais Guinée-Bissau : les scénarios se ressemblent. Condamnations fermes, suspension des organes de décision, menaces de sanctions, puis l’envoi de délégations de haut niveau. Pourtant, les résultats concrets restent maigres. Les putschistes s’installent, les institutions s’effondrent, et la population perd confiance.
En Guinée-Bissau, la suspension du pays de tous les organes décisionnels de la CEDEAO illustre cette incapacité à peser réellement sur les dynamiques internes. Les militaires, forts de leur contrôle, semblent peu impressionnés par les injonctions extérieures.
Une crédibilité en question
Mandater trois chefs d’État pour « ramener l’ordre constitutionnel » peut sembler une démonstration de force. Mais en réalité, cela révèle une fragilité institutionnelle. La CEDEAO apparaît comme une organisation qui répète les mêmes recettes, sans parvenir à imposer une véritable autorité morale ou politique.
Au lieu de renforcer sa crédibilité, elle expose ses limites. Les populations, témoins de ces missions sans lendemain, y voient davantage une mise en scène diplomatique qu’une action efficace.
Le paradoxe ouest-africain
La CEDEAO se veut le bouclier de la démocratie en Afrique de l’Ouest. Pourtant, elle peine à convaincre. Ses sommets extraordinaires, ses communiqués solennels et ses délégations prestigieuses ne suffisent plus. Ce décalage entre discours et réalité nourrit l’idée que l’organisation se ridiculise, incapable de traduire ses intentions en actes.
La mission confiée aux trois chefs d’État en Guinée-Bissau illustre parfaitement ce paradoxe. La CEDEAO veut incarner la crédibilité, mais ses interventions répétitives et inefficaces la renvoient à l’image d’une institution en perte de légitimité. Tant que ses actions ne produiront pas de résultats tangibles, chaque nouvelle mission apparaîtra comme une pièce supplémentaire dans le théâtre de la dérision.
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