*À l’écoute du Praticien hospitalier*
C’est l’espace santé de votre journal. À travers des interviews et des publications, il vous donne de précieuses informations sur la santé humaine. Dans ce numéro le Docteur Léonel Amoussou qui officie à Porto-Novo dans les cliniques Rapha, Louis Pasteur et à l’hôpital Bon Samaritain vous parle de la rhinite. Lisez l’interview qu’il a accordé à votre journal sur une maladie qui indispose beaucoup.
- *L’AJ : Docteur, comment définir la rhinite ?*
La rhinite est par définition une inflammation et/ou une infection de la muqueuse nasale. Elle peut être classifiée en trois grands groupes : la rhinite allergique ; la rhinite infectieuse et la rhinite non allergique. Ces terminologies faisant appel aux causes déclenchant la rhinite.
- *Quelles sont les causes de la rhinite ?*
Une bonne compréhension des causes qui sont à l’origine de la rhinite exige une présentation selon les trois grands groupes cités ci-dessus.
1- *La rhinite allergique*
C’est l’inflammation de la muqueuse nasale provoquée par des allergènes. Ces allergènes étant nombreux, on en retient principalement trois types à savoir ceux alimentaires, animaliers et environnementaux.
Au titre des allergènes alimentaires, les plus courants sont l’arachide, l’ananas, le soja, les crustacées.
En ce qui concerne les allergènes animaliers, il y a les poils de chien et de chat, les plumes de la volaille, certains incestes tel que les tiques ou aoûtats qui restent cachés dans les fauteuils, les coussins et dans certains nounous.
Quant aux allergènes environnementaux, il y a :
~ la poussière sous toutes ses formes (à l’exemple de la poussière de la craie, celle atmosphérique, du charbon, des menuiseries, des scieries, des ateliers de peinture auto-moto, etc.) ;
~ les odeurs fortes notamment les parfums, les encens, certaines moisissures, les odeurs moites etc. ;
~ il y a le climat notamment le froid, les changements de température.
2- *La rhinite infectieuse*
Elle est définie comme une inflammation de la muqueuse nasale provoquée par des agents pathogènes. Ces agents pathogènes peuvent être des bactéries, des virus, des parasites, des champignons. Mais l’agent pathogène le plus couramment rencontré est viral : il s’agit principalement du Virus Para Influenzae qu’on retrouve plus fréquemment en période froide et surtout en ce moment où il fait frais et au cours duquel, les virus se multiplient très rapidement.
3- *La rhinite non allergique*
Elle est définie également comme une inflammation de la muqueuse nasale mais non provoquée par des allergènes. Différents sous-groupes se distinguent à savoir :
-la rhinite vasomotrice : c’est une inflammation chronique de la muqueuse nasale causée par une réaction excessive des vaisseaux sanguins d’où son nom vasomotrice. Elle est aussi causée par des irritants tel que le stress ou des changements climatiques. Mais elle n’est pas causée par un allergène. Parmi ces rhinites non allergiques ;
-la rhinite médicamenteuse qui n’est provoquée que par l’usage excessif ou abusif des vasoconstricteurs que sont par exemple le *Xylo-Mépha, Otrivine, Respibien*. Ces vasoconstricteurs utilisés dans le but de déboucher les narines ont pour effets secondaires un effet rebond sur la muqueuse nasale obstruant la fosse nasale après une utilisation prolongée au-delà de 10 jours.
-la rhinite hormonale. Elle est provoquée par un déséquilibre hormonal agissant sur la muqueuse nasale. C’est une rhinite encore connue sous le nom de rhinite de grossesse.
-la rhinite atrophique qui est une forme chronique de la rhinite où la muqueuse nasale s’amincit et se durcit formant des croûtes très épaisses au sein de la muqueuse nasale. On la retrouve souvent chez les personnes âgées ou chez les personnes ayant bénéficié d’une chirurgie nasale agressive.
*Quels sont les symptômes de la rhinite ?*
Les symptômes de la rhinite quelle soit allergique ou non allergique débutent le plus souvent par une obstruction nasale qui peut être unilatérale et/ou bilatérale ou à bascule. Des symptômes faisant mimer un accès palustre, des courbatures, des céphalées ou maux de tête, une rhinorrhée ou un écoulement nasal clair au début mais qui à la suite s’épaissit devenant jaunâtre entre le 4ème et le 8ème jour pour les rhinites simples et à partir du 10ème jour redevient clair pour s’estomper lorsqu’il s’agit d’une rhinite aiguë simple. Lorsqu’elle est surinfectée, elle devient jaunâtre tout le temps accompagnée d’éternuements sans cesse. Ce qui fait que le patient a un malaise général. On note rarement une fièvre chez le patient mais le plus souvent, une fébricule autour de 37º8 voir 38º Celsius ainsi qu’une asthénie ou fatigue accompagnée d’une humeur grincheuse. Lorsque la rhinorrhée est très abondante, on note également chez les patients dans le cas, une perte de l’odorat.
Ce sont dans l’ensemble, les symptômes qui relèvent de la rhinite.
*Comment traiter la rhinite ?*
Le traitement majeur de la rhinite repose sur les antihistaminiques c’est à dire des anti allergiques et dont la famille est vaste. On citera entre autres la famille des *Desloratadines, Aerius, Alerid, Deslora-Denk, Deslocreat,* ils sont nombreux. Il y a aussi la famille des *Méquitazines* notamment le *Primalan*, le *Quintana*. Le traitement repose également sur le lavage des fosses nasales à base de solutions salines d’eau de mer comme le *Marimer*. Le repos sanitaire s’impose au patient lorsqu’il est affecté sur le plan général et n’arrive à rien faire car très fatigué. Le traitement repose aussi sur la prise de médicaments pour remonter le patient vu que la fatigue est un symptôme de l’affection. Les maux de tête seront calmés par des antalgiques simples.
Voilà en gros le traitement presque curatif sans oublier que le patient sera exclu de consommer tout ce qui est frais tout au long du traitement.
- *Pourquoi parlez-vous de traitement presque curatif ?*
Au niveau de la rhinite allergique, il n’y a vraiment pas de traitement curatif à 100%. On parle plutôt de traitement symptomatique parce que ce sont les symptômes qui sont traités. On traite les éternuements, on traite l’écoulement nasal, on traite les narines bouchées etc. Le traitement curatif n’est donc pas possible parce que la cause rôde toujours et pour guérir définitivement, c’est d’éviter la cause. Mais malheureusement, il y a des causes qu’on ne peut pas éviter. En effet, il y a des allergènes qu’on peut éviter et d’autres qu’on ne peut pas éviter et ceci, malgré notre bonne foi. C’est pourquoi on parle de traitement presque curatif.
- *Y a-t-il un traitement préventif de la rhinite ?*
Bien sûr que oui ! Il suffit tout simplement de faire attention à ces allergènes. De faire attention quand il fait froid, d’avoir des habitudes de vie notamment s’habiller lourdement, se mettre au chaud pour que la fraîcheur ne nous affecte pas.
- *Quelle différence y a-t-il entre la rhinite et le rhum ?*
La rhinite est une affection, une maladie, une pathologie. Par contre, le rhume est un symptôme résultant d’une affection.
- *La rhinite mal soignée peut-elle provoquer la mort du patient ?*
Une rhinite mal soignée à travers ses symptômes notamment l’obstruction nasale peut évoluer dans le cas d’une surinfection vers une sinusite. Les complications de la sinusite sont vastes et peuvent aller jusqu’à la méningite et donc engager le pronostic vital et à long terme donner la mort. Mais c’est un cas rare, exceptionnel. On peut retrouver ces cas dans des endroits très reculés où il n’y a pas du tout de praticiens spécialistes en ORL.
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