*Lutte contre le refus de la monnaie supposée altérée*
*Malgré les proscriptions officielles, la pratique perdure*
*(Et si le Bénin suivait l’exemple du Togo ?)*
*Depuis quelques années, la pratique du refus de la monnaie supposée altérée aussi pour les pièces que pour les billets a pris corps au Bénin. Malgré les mises en garde des autorités, le phénomène du refus des pièces ou billets jugés « abîmés » continue de créer des tensions au quotidien. Face à cela,quelles autres mesures prendre pour arrêter ce phénomène ?*
Dans les marchés comme dans les petites échoppes, entre des clients et conducteurs de taxi-moto, entre apprentis des minibus et des clients, entre commerçants et clients, les altercations sont vécues au quotidien à cause du refus par l’une des deux (02) parties d’accepter des pièces ou billets jugés « abîmés » et ayant cours légal.
Ismaël K. raconte sa mésaventure : après avoir envoyé son fils faire des courses, ce dernier s’est vu refuser trois billets de 500 Fcfa jugés usés par le même vendeur qui les lui avait remis peu de temps avant. Il n’a eu gain de cause dira-t-il après s’être rendu lui-même chez le vendeur en question le menaçant de porter plainte contre lui dans un commissariat … ». Ce cas est assez fréquent au point que certains pour éviter de perdre leur temps à la police préfèrent accepter la pièce de monnaie ou le billet querellé malgré eux. D’autres les refusent carrément les abandonnant entre les mains de leurs vis-à-vis. Surprenant une scène du genre, Esther une ressortissante d’un pays de l’Uemoa réagit : « Dans mon pays, le mot argent gâté n’existe pas. Si vous n’en voulez pas, donnez-les-moi et je les dépenserai chez moi. »
Il fallait mettre fin à ce fléau qui prenait des proportions.
*Rappel partiel d’un communiqué du 03 septembre 2020*
Dans un communiqué daté du 03 septembre 2020, Romuald Wadagni, ministre des Finances averti *«Il m’est revenu le constat de la recrudescence du phénomène de rejet de pièces de monnaie et billets de banque émis par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), au motif que les pièces de monnaie sont altérées, lisses, auraient perdu leur éclat ou que les billets de banque sont froissés et ne seraient plus valables.
Cette situation a entraîné des incidents dans plusieurs localités où des transactions entre agents économiques n’ont pas pu se dénouer. Je tiens à rassurer les populations que les pièces de monnaie lisses, ayant perdu leur éclat ou mutilées et les billets de banque froissés émis par la BCEAO ont toujours cours légal et pouvoir libératoire sur toute l’étendue du territoire national et dans tous les pays de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA). Ils ne peuvent donc pas être refusés dans le cadre des transactions économiques.
Je rappelle aux populations détenant des pièces de monnaie mutilées ou devenues lisses, ainsi que les billets de banque froissés par l’usage, qu’elles peuvent procéder à leur échange gratuitement aux guichets de la BCEAO. En tout état de cause, le refus de recevoir la monnaie ayant cours légal dans un Etat membre de l’UMOA est puni par les textes en vigueur.»*
La mayonnaise a pris juste pour un temps. Jours, semaines, mois et années passant le communiqué est devenu comme caduc. Et les anciennes habitudes ont refait surface. Ce qui ne saurait être accepté.
*Et si l’exemple du Togo était suivi ?*
Au Togo pays voisin du Bénin, le fléau est d’actualité et est à l’origine de situations conflictuelles. En vue de son éradication, le nouveau code pénal du Togo, à travers l’article 1165 prévoit dès 2023 : « Pour rappel, selon le code pénal togolais (Article 1165), toute personne qui refuse de recevoir pour sa valeur officielle la monnaie qui n’est ni fausse ni altérée ayant cours légal, peut être punie d’une amende de 10.000 à 50.000 francs CFA. »
Cette règle vise à protéger les consommateurs et à garantir la fluidité des transactions. Pourtant, dans la pratique, nombre de commerçants continuent de rejeter ces billets et pièces, compliquant la vie des usagers.Pour que la situation change, deux solutions s’imposent : d’une part, renforcer la sensibilisation afin d’éduquer les citoyens et les commerçants sur la valeur légale de la monnaie ; d’autre part, appliquer sans complaisance les sanctions prévues par la loi. Refuser un billet ou une pièce en circulation n’est pas seulement une faute civique, c’est une infraction qui nuit à l’économie locale.
Le respect de la monnaie officielle est un devoir pour tous. Les autorités béninoises gagneraient donc à s’inspirer de l’exemple togolais afin de mettre un terme définitif à cette pratique qui pénalise les consommateurs et affaiblit la confiance dans les échanges commerciaux.
_*KMS*_
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