Niamey, 16 septembre 2025 — Une rupture historique se dessine dans le paysage judiciaire international. Les ministres de la Justice du Mali, du Burkina Faso et du Niger, réunis dans le cadre d’un sommet extraordinaire de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont annoncé leur volonté commune de se retirer de la Cour pénale internationale (CPI). Cette décision marque une étape décisive dans le repositionnement stratégique des États sahéliens en matière de justice internationale
La CPI, juridiction établie pour juger les crimes les plus graves — génocides, crimes contre l’humanité, crimes de guerre — est désormais perçue par les autorités sahéliennes comme un instrument biaisé. Selon les déclarations recueillies par Jeune Afrique, les trois ministres se sont accordés sur les modalités d’un retrait coordonné, dénonçant une institution devenue, selon eux, incompatible avec les aspirations souverainistes de la région.
Le général Mohamed Toumba, ministre nigérien de l’Intérieur, a exprimé une critique virulente à l’égard de la CPI, qu’il accuse de servir des intérêts impérialistes. « Cette cour, souvent sans preuves tangibles ou sur la base de motifs fallacieux, s’est muée en outil de répression contre les pays africains, au service des puissances désireuses d’étouffer toute volonté d’émancipation », a-t-il déclaré.
Vers une justice sahélienne autonome
Face à ce désengagement, l’AES ne compte pas laisser un vide juridique. Les trois États projettent la création d’une Cour pénale sahélienne des droits de l’homme (CPS-DH), une juridiction régionale qui serait compétente pour juger les crimes internationaux, mais également les infractions liées au terrorisme et à la criminalité organisée — deux menaces majeures dans la région.
Ce projet ambitieux inclut également la construction d’un centre pénitentiaire de haute sécurité, destiné à accueillir les condamnés issus des trois pays membres. L’objectif affiché est clair : bâtir une architecture judiciaire souveraine, adaptée aux réalités sahéliennes, tout en affirmant une volonté politique de rupture avec les mécanismes internationaux jugés inéquitables
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