Concours des douanes : un miroir du chômage des jeunes au Bénin
La Direction générale des douanes et droits indirects du Bénin a récemment lancé un concours de recrutement pour 150 agents. À la clôture des inscriptions, ce sont près de 9.000 candidatures qui ont été enregistrées. Ce chiffre, à lui seul, illustre l’ampleur du malaise qui touche la jeunesse béninoise en matière d’emploi.
Une participation massive, un symptôme alarmant
9.000 candidats pour seulement 150 postes disponibles : ce ratio interpelle. Il révèle non seulement l’attractivité des concours administratifs, mais surtout la précarité du marché de l’emploi. Chaque année, des milliers de jeunes diplômés issus des universités et centres de formation se retrouvent confrontés à une réalité implacable : une offre d’emploi largement inférieure à la demande.
Ce phénomène n’est pas isolé. D’autres concours publics suscitent également une affluence massive, bien que moindre. Le chômage et le sous-emploi persistent, souvent confondus dans les discours, mais bien distincts dans leurs effets. Le concours des douanes agit ici comme un révélateur : il met en lumière une jeunesse qualifiée, disponible, mais en attente d’opportunités concrètes.
L’État face à ses limites structurelles
Contrairement à une idée répandue, l’État ne crée pas directement des emplois. Il administre une fonction publique dont les recrutements sont conditionnés par le budget annuel voté par le Parlement. Les concours sont organisés dans le cadre de la création ou de l’extension de services, ou pour remplacer les départs à la retraite. Ce mécanisme, bien que nécessaire, reste insuffisant pour absorber la masse croissante de jeunes demandeurs d’emploi.
Le secteur privé, un levier encore timide
La création d’emplois repose principalement sur les investissements du secteur privé. Ce dernier, en générant de la richesse, est censé offrir des opportunités professionnelles. Pourtant, ni l’État, ni le secteur privé, ni le marché informel ne parviennent aujourd’hui à contenir l’expansion du chômage. Les contrats précaires, les stages à durée limitée, souvent non rémunérés, ne constituent pas une réponse durable à cette crise.
Vers une stratégie nationale de l’emploi
Face à ce défi, une réponse collective s’impose. Gouvernants, acteurs économiques, jeunesse, bailleurs de fonds et partenaires techniques doivent engager une réflexion stratégique. Il s’agit de concevoir une politique de l’emploi réaliste, adaptée aux dynamiques socio-économiques du pays, et capable de transformer le potentiel de la jeunesse en moteur de développement.
Ce concours des douanes, au-delà de son objectif administratif, appelle à une mobilisation nationale. Il est temps de repenser les mécanismes d’insertion professionnelle, de valoriser l’entrepreneuriat, et de créer les conditions d’un avenir digne pour les jeunes du Bénin.
Kolawolé Maxime SANNY
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