*Accès équitable aux services financiers au Bénin*
*Romulus Biokou dévoile les ambitions et leviers de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF)*
*Dans un contexte où l’inclusion financière devient un impératif de justice sociale et de développement durable, La Boussole reçoit Romulus Biokou, Secrétaire Permanent de la Stratégie Nationale d’Inclusion Financière (SNIF). À travers cet entretien, il éclaire les citoyens sur les fondements, les objectifs et les impacts attendus de cette stratégie ambitieuse portée par le gouvernement béninois.*
*La Boussole : Monsieur Biokou, pourquoi une Stratégie Nationale d’Inclusion Financière était-elle nécessaire au Bénin aujourd’hui ?*
*Romulus Biokou* : La SNIF est née de la volonté du Gouvernement à renforcer la lutte contre la pauvreté. En effet, malgré les progrès réalisés, le constat est clair, qu’une frange importante de la population reste exclue du système financier formel et n’est pas suffisamment outillée pour bien gérer ses finances. Il s’agit notamment des femmes, des jeunes, des travailleurs informels et des populations rurales. Cette exclusion les prive des opportunités à épargner, investir, et limite leur capacité à se protéger contre les risques ou simplement planifier leur avenir. Le gouvernement a donc jugé essentiel de structurer une réponse cohérente et multisectorielle pour lever les barrières à l’accès aux services financiers, qu’elles soient économiques, géographiques, culturelles ou numériques.
*La Boussole : Quels sont les objectifs concrets que la SNIF poursuit ?*
*Romulus Biokou* : La SNIF vise à garantir qu’à l’horizon 2027, chaque citoyen béninois est bien aguerri pour gérer ses finances, qu’il puisse accéder à des produits et services financiers adaptés, sécurisés et abordables, dans un cadre légal et réglementaire adéquat. Cela passe par trois grandes orientations stratégiques : renforcer l’éducation financière pour une prise de décision éclairée, améliorer l’offre de services financiers en tenant compte des besoins spécifiques des populations vulnérables, et consolider le cadre institutionnel, légal et règlementaire pour une gouvernance efficace et transparente. Ces axes sont déclinés en programmes opérationnels, co-financés par le budget national et les partenaires techniques et financiers entre autres, la Banque mondiale, l’Union européenne et le Grand-Duché de Luxembourg…
*La Boussole : Quels sont les projets phares mis en œuvre dans le cadre de cette stratégie ?*
*Romulus Biokou*: Plusieurs projets structurants sont en cours, avec une approche résolument inclusive et innovante. On note entre autres : Le Programme National d’Éducation Financière qui est l’un des piliers majeurs : il déploie des modules simplifiés en langues locales, à travers des canaux appropriés et des outils numériques, pour renforcer les compétences financières des citoyens.
L’opérationnalisation de l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers (OQSF) pour Renforcer de la protection des clients de produits et services financiers.
Le programme BEN/005 « Finance Inclusive et Innovante » vise à intégrer les populations vulnérables dans le système financier formel via les Guichets Uniques de Protection Sociale (GUPS), en leur offrant des services adaptés comme les microcrédits, les comptes mobiles et les assurances communautaires.
Le renforcement de l’assainissement et de la professionnalisation du secteur de la microfinance avec à la clé, la loi N°2025-14 portant réglementation de la microfinance, adoption par l'Assemblée Nationale le 25 juin 2025 et promulguée le 02 juillet 2025.
Appui à l’interopérabilité des services financiers numériques pour faciliter aux populations les opérations inter-institutions et à la mise en œuvre du Bureau d’Information sur le Crédit (BIC) pour une gestion plus sécurisée du crédit par les IMF.
Enfin, des partenariats sont noués avec les opérateurs de téléphonie mobile et les émetteurs de monnaie électronique pour élargir l’accès aux services financiers numériques, tout en garantissant la protection des consommateurs et la transparence des opérations.
*La Boussole : Quels sont les impacts observés à ce jour ?*
*Romulus Biokou* : Les premiers résultats sont tangibles. À la date d’aujourd’hui, plusieurs bénéficiaires directs ont été touchés par les programmes d’inclusion financière, notamment dans les zones rurales et périurbaines. Le taux d’inclusion financière, mesuré par l’indice composite de la BCEAO, a connu une progression continue, positionnant le Bénin en tête des pays de l’UEMOA. Nous observons également une amélioration de la gouvernance des institutions de microfinance, une montée en puissance des femmes dans les activités économiques, et une meilleure résilience des ménages face aux chocs. Les impacts escomptés à l’horizon 2027 sont encore plus ambitieux : nous visons une couverture nationale et équitable en matière d’éducation financière, une réduction significative de la pauvreté, et une transformation durable de l’écosystème financier béninois.
*La Boussole : Comment les populations peuvent-elles s’approprier cette stratégie ?*
*Romulus Biokou* : L’appropriation passe par la proximité. C’est pourquoi nous avons institué les Journées Nationales de l’Inclusion Financière (JNIF), une foire aux produits et services financiers dont la première édition qui se tiendra au mois d’octobre prochain. Ce sont des espaces de dialogue, de formation et de démonstration. Nous encourageons les leaders communautaires, les médias, les associations et les élus locaux à relayer les messages et à mobiliser les populations autour de ces journées dont la valeur à ajouter est évidente.
Les JNIF, c’est une tribune de rencontre de l’offre et de la demandes des produits et services financiers.
Nous disposons également d’un site internet « https://www.spsnif.gouv.bj » que chaque béninois peut consulter et s’imprégner des informations sur l’éducation financière et sur des produits et services innovants et enfin sur les dispositifs d’amélioration de la gouvernance de l’écosystème, en somme toute information en lien avec l’inclusion financière au Bénin.
*La Boussole : Un dernier mot pour conclure ?*
*Romulus Biokou* : L’inclusion financière est un facteur clé de développement pour les communautés vulnérables. La mise en œuvre de la SNIF vient à juste titre pour le rétablissement de la justice sociale et pour le progrès collectif. Elle ne se décrète pas, elle se construit avec engagement et écoute.
La SNIF n’est pas une affaire de technocrates seuls : elle appartient à chaque béninois qui aspire à une vie meilleure, plus stable et plus digne. J’invite chaque acteur public, privé et communautaire à faire de la SNIF un chantier collectif. Ensemble, nous pouvons bâtir un Bénin où personne ne fait l’objet d’une exclusion.
Source : https://www.facebook.com/share/p/1Jh3NFBPJw/
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