Former pour former : une fabrique de diplômés sans avenir
Chaque année, les universités béninoises célèbrent la sortie de milliers de diplômés. Pourtant, derrière les toges et les parchemins, se cache une réalité plus sombre : celle d’une jeunesse livrée à elle-même, sans accompagnement, sans perspectives, sans ponts vers le monde professionnel. Le système éducatif béninois, bien qu ambitieux dans sa massification, semble avoir perdu le fil de sa finalité : former pour transformer, non simplement pour remplir les amphithéâtres.
Constats alarmants
Absence de mécanismes d’insertion : Aucun dispositif national structuré ne relie les universités aux secteurs économiques. Les stages sont rares, les partenariats industriels quasi inexistants, et les cellules d’orientation professionnelle demeurent anecdotiques.
Inadéquation des curricula : Les formations sont souvent théoriques, déconnectées des réalités du marché. L’approche par compétences, pourtant introduite, reste mal implémentée et peu contextualisée
Chômage des diplômés : Le taux de chômage chez les jeunes diplômés reste élevé, aggravé par une économie informelle qui peine à absorber les compétences universitaires.
Perte de confiance : La jeunesse, confrontée à l’inertie institutionnelle, développe une résignation douloureuse, oscillant entre exil intellectuel et débrouillardise précaire.
Analyse des causes profondes
Vision éducative fragmentée : L’éducation est pensée comme une fin en soi, non comme un levier de transformation sociale et économique.
Faible gouvernance universitaire : Les universités manquent de leadership stratégique pour anticiper les besoins du marché et adapter leurs offres.
Politisation des réformes : Les initiatives éducatives sont souvent instrumentalisées, freinant les assises techniques et les consensus durables.
Manque de synergie intersectorielle : L’absence de dialogue entre les ministères de l’Éducation, de l’Emploi et du Développement empêche une approche intégrée.
Approches de solutions concrètes
1. Créer des cellules d’insertion professionnelle dans chaque université.
1. Créer des cellules d’insertion professionnelle dans chaque université
Des structures dédiées, avec des conseillers formés, des bases de données d’entreprises, et des programmes de mentorat.
2. Réformer les curricula avec les acteurs économiques
Impliquer les entreprises, les artisans, les start-ups et les collectivités dans la co-construction des programmes.
3. Institutionnaliser les stages obligatoires et encadrés
Faire du stage une condition de validation académique, avec un suivi rigoureux et des évaluations croisées.
4. Lancer un Observatoire national de l’insertion
Un outil de veille et d’analyse pour suivre les trajectoires des diplômés, identifier les filières saturées et orienter les politiques publiques.
5. Valoriser l’entrepreneuriat universitaire
Créer des incubateurs dans les campus, offrir des formations en gestion de projet, et faciliter l’accès au financement pour les jeunes porteurs d’idées.
Le Bénin ne peut se permettre de former des élites sans destin. Il est temps de passer d’une logique de production académique à une stratégie d’impact social. L’université doit redevenir un tremplin, non un terminus. Et la jeunesse, loin d’être abandonnée, doit être accompagnée, valorisée, et propulsée vers les sphères de transformation.
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