L’ancien Premier ministre tchadien Succès Masra, figure de l’opposition et président du parti Les Transformateurs, a été renvoyé devant la chambre criminelle par les juges de N’Djamena le 30 juillet 2025. Initialement poursuivi pour « incitation à la révolte et à la haine » et complicité dans les violences intercommunautaires de Mandakao, il fait désormais face à des accusations bien plus lourdes : « diffusion de messages racistes et xénophobes », « assassinat » et « association de malfaiteursSon avocat, Me Saïd Larifou, dénonce une procédure « dénuée de tout fondement juridique » et parle d’une « poursuite arbitraire prononcée à l’avance dans les couloirs du pouvoir ». Il évoque une instrumentalisation politique de la justice, dans un contexte où les tensions entre pouvoir et opposition s’exacerbent.Ce renvoi soulève de vives inquiétudes. Comment expliquer qu’un homme ayant servi comme chef du gouvernement sous le régime militaire de transition soit aujourd’hui traité comme un criminel de droit commun ? Cette évolution judiciaire interroge sur la loyauté institutionnelle, la stabilité politique et la capacité du régime à garantir une justice indépendante.
Plusieurs éléments rendent cette situation préoccupante :🔹 Un glissement des charges : les accusations ont été modifiées en pleine audience, sans débat contradictoire ni accès préalable au dossier pour les avocats.
🔹 Un climat de défiance : les avocats ont quitté la salle, dénonçant une procédure opaque et précipitée.
🔹 Un précédent dangereux : le traitement réservé à un ancien haut responsable pourrait dissuader toute collaboration future entre opposition et pouvoir.
🔹 Une justice sous pression : les critiques sur l’indépendance des juges se multiplient, alors que le procureur général n’était même pas présent à Ndjamena lors de l’audience. Dans un pays en quête de réformes démocratiques, cette affaire pourrait cristalliser les frustrations et fragiliser davantage le processus de transition.
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