Ce qui semblait au départ un simple manque de petite monnaie dans les commerces est devenu une réelle entrave au quotidien des populations, particulièrement dans les pharmacies. À l’heure où l'accès aux médicaments relève du droit fondamental à la santé, le problème de disponibilité de la monnaie – pièces et billets de faible coupure – prend des allures de crise silencieuse mais bien palpable.
Dans les quartiers populaires comme dans les centres urbains, des clients sont régulièrement contraints d’abandonner leurs médicaments ou de les acheter à perte faute de pouvoir recevoir leur monnaie. D’autres se retrouvent dans des disputes avec des vendeurs ou pharmaciens, poussés à arrondir les prix ou imposer des produits complémentaires inutiles. Cette pénurie récurrente transforme des points de soin en zones de tension.
Pharmaciens, caissiers, vendeurs… tous témoignent de leurs difficultés à obtenir suffisamment de liquidités pour assurer les transactions quotidiennes. Loin d’être un souci de gestion interne, le phénomène révèle un déséquilibre préoccupant dans la chaîne de distribution monétaire locale.Si la BCEAO, le ministère des Finances et les agences en charge de la régulation des flux monétaires restent silencieux, le risque est double : une fracture entre commerce et clientèle, et une atteinte directe au droit à la santé. Le citoyen ne peut être pénalisé pour un dysfonctionnement systémique qui relève des autorités monétaires. Que dire d’un pays où l’on doit mendier ou négocier pour sa monnaie, même en pharmacie ?
Il est impératif que les institutions financières redéfinissent urgemment les modalités de distribution des petites coupures. Des actions concrètes – quotas de monnaie pour les points de vente sensibles, mécanismes de compensation, contrôle renforcé – doivent être enclenchées sans délai.L’accès aux soins ne peut devenir une course d’obstacles pour cause de négligence financière. Il appartient aux autorités compétentes d’agir avant que cette situation ne dégénère en défiance structurelle et ne creuse davantage les inégalités d’accès aux biens essentiels.
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