En annonçant sa candidature à un quatrième mandat présidentiel, Alassane Ouattara ravive les inquiétudes démocratiques en Côte d’Ivoire et dans toute l’Afrique de l’Ouest. À 83 ans, après trois mandats successifs, le chef de l’État ivoirien justifie sa décision par le souci de préserver la stabilité et la prospérité du pays. Mais derrière cette rhétorique, se dessine une tendance préoccupante : celle d’une jurisprudence du pouvoir prolongé, qui affaiblit les constitutions et banalise leur violation.La candidature d’Ouattara, loin d’être un cas isolé, s’inscrit dans une série de révisions constitutionnelles et de candidatures controversées dans la sous-région. En Guinée, au Togo, et ailleurs, des chefs d’État ont modifié les textes fondamentaux pour se maintenir au pouvoir. Ce glissement vers une démocratie de convenance crée un précédent inquiétant : celui où la loi devient malléable au gré des ambitions personnelles.Face à ces dérives, la CEDEAO reste étrangement silencieuse. Alors qu’elle s’est montrée ferme contre les putschs militaires au Mali, au Niger ou au Burkina Faso, elle peine à condamner les coups d’État constitutionnels. Ce double standard ternit son image et affaiblit sa légitimité. Comment peut-elle prétendre défendre la démocratie si elle tolère les violations les plus flagrantes de ses principes fondateurs ?Il est urgent que la CEDEAO rétablisse son autorité morale et juridique. Elle doit condamner clairement les candidatures anticonstitutionnelles et œuvrer à l’adoption d’un protocole communautaire limitant strictement les mandats présidentiels. Sans cela, elle risque de devenir complice par omission d’une dérive autoritaire rampante.La démocratie ne se mesure pas à la stabilité apparente, mais à la capacité des institutions à résister aux abus de pouvoir. En Côte d’Ivoire, comme ailleurs, le respect des constitutions est le socle de la paix durable. Il appartient à la CEDEAO de rappeler cette vérité, avant qu’elle ne devienne un souvenir.
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