Des centaines de travailleurs ghanéens ont défilé dans les rues d’Accra, le vendredi 29 août 2025, pour réclamer l’annulation totale de la dette extérieure africaine. Cette mobilisation d’envergure, initiée par le Congrès des syndicats du Ghana (TUC), a reçu le soutien actif de la Confédération syndicale internationale – Afrique (CSI-Afrique).
La manifestation a rassemblé des délégations venues de plusieurs pays du continent, unies par un même cri de protestation contre le poids écrasant de la dette. Les slogans brandis sur les pancartes – « Nous ne devons rien, nous ne paierons pas », « L’Afrique ne peut plus respirer », « La réforme économique est une arnaque » – ont résonné dans les rues de la capitale ghanéenne, traduisant l’exaspération croissante face à un système jugé injuste.
Selon les syndicats organisateurs, le régime actuel de la dette internationale « étouffe » les perspectives de développement du continent. Le cas du Ghana illustre cette impasse : en mars 2025, sa dette extérieure s’élevait à 28,5 milliards de dollars (24,4 milliards d’euros), soit 28,5 % de son produit intérieur brut.
Malgré ses richesses – premier producteur d’or en Afrique et deuxième exportateur mondial de cacao – le pays peine à se remettre de la crise économique qui l’a conduit, en 2022, à un défaut de paiement. Une inflation galopante de 50 % avait alors contraint l’ancien président Nana Akufo-Addo à solliciter un prêt de 3 milliards de dollars auprès du Fonds monétaire international (FMI).
Au cours de la mobilisation, une pétition signée par la CSI-Afrique a été remise au gouvernement ghanéen. Elle alerte sur le fait que plus de la moitié des pays africains sont déjà en situation de surendettement ou exposés à un risque élevé de l’être. Cette réalité compromet gravement la capacité des États à financer des services publics essentiels tels que la santé, l’éducation, les salaires et la protection sociale.
La pétition appelle à « l’annulation totale et inconditionnelle des dettes extérieures insoutenables de l’Afrique, au nom de la justice réparatrice ». Elle plaide pour que les ressources ainsi libérées soient réinvesties dans l’emploi, la résilience climatique, les salaires et les systèmes de protection sociale.
Le ministre des Finances, Cassiel Ato Forson, a réceptionné le document au nom du président John Mahama. Reconnaissant que la dette extérieure africaine dépasse désormais 1 300 milliards de dollars (1 111 milliards d’euros), il a tenu à distinguer entre l’incapacité de payer et le refus de payer.
« Dans 23 pays africains, les dépenses liées au remboursement de la dette surpassent celles allouées à la santé ou à l’éducation. Le coût du service de la dette a évincé des investissements cruciaux… Ces pays ne peuvent tout simplement pas payer », a-t-il déclaré, appelant à la mise en place d’un mécanisme de résolution plus équitable et durable, adapté aux réalités des économies en détresse.
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